Je voulais vous écrire, parce que vous écrire clarifie mon coeur et mes mots d’amour.

Je voulais vous écrire, mais je sens que les mots sont étriqués. Les mots, leur musique qui ont embaumé ma vie depuis si longtemps… Je commence à sentir leur vêtement étriqué, limité, trop structuré, dans ma façon d’entrer en relation avec eux.

Il y a quelques nuits, après une belle cérémonie à la maison, j’ai un rêve très puissant.

Dans ce rêve, je regarde mes yeux dans un miroir. Je m’observe d’abord épuisée. Puis à l’intérieur de mes pupilles je découvre des symboles d’Egypte antique, des hiéroglyphes.

Cela me fascine. J’entends une voix me dire :

« C’est cela que je Désire par dessus tout. Voir. Voir vraiment. Ouvrir mon troisième œil pour Voir enfin. »

Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours trouvé cela difficile d’être en relation avec les êtres humains. Trop dangereux, trop ennuyeux, trop superficiels, trop mensongers, trop petits, trop douloureux, trop anodins, trop légers.

Dans la cour de mon école primaire, je passais au moins une récré sur deux dans la cour des maternelles pour passer du temps avec une petite fille asiatique que j’adorais. Les enfants de mon âge soit m’effrayaient par leurs jeux mesquins, soit m’ennuyaient, et souvent j’avais trop peur d’être « trop » ou « pas assez » et d’être rejetée.

Plus tard, j’ai fui les soirées intempestives, les après-midis d’ennui autour de boissons et de fumées, dans le refuge de ma chambre noire où je développais mes photos, dans les parties de jeu d’échecs, ou dans les livres de mes héros de l’époque, mes poètes maudits.

Encore plus tard, je courrais la rue parisienne qui me séparait de mon cours de théâtre vers mon appartement, pour poursuivre l’écriture de ma pièce de théâtre mythologique qui me hantait jour et nuit.

Par la suite, je fuyais le monde dans des retraites que je me créais sur mesure dans des gites avec pour seuls compagnons un sac de pommes et mon ordinateur pour écrire ma prochaine pièce de théâtre, dans une forme de transe.

Et ainsi de suite… Jusqu’à aujourd’hui, où mis à part quelques aspects du décor ont changé et un amour immense qui a pris la place de la souffrance, ma fuite béate vers l’écriture, les dieux et les déesses, est toujours là.

Ce rêve d’il y a quelques nuits me parle de cela… De ma peur des êtres humains. De mon Désir si grand vis-à-vis d’eux que je ne peux les rencontrer que lors de circonstances exceptionnelles dans le cadre d’un cercle, d’une Ecole des mystères, d’une transmission, d’une retraite.

Car là, je sais que l’amour inconditionnel sera permis et que nous ne serons pas trop pressés pour nous rencontrer.

En vérité, je suis terrifiée par les êtres humains. J’en ai eu honte si longtemps. Maintenant je le dépose entre ces lignes, entre vos mains. Car les mots écrits me protègent. Ils me permettent de parler à votre cœur et votre âme, sans crainte d’être rejetée.

Je ne saurai pas si vous me lisez et me jugez, si vous ne me lisez pas par manque d’intérêt. Je peux vous envoyer mes mots d’amour sans attendre leur retour. 

‘autre jour , une maman dans la cour de récré en cherchant nos enfants me dit :

« Tu te rends compte que tu es toujours en mouvement ? »


Je ris, étonnée de son observation (les êtres humains observent peu, dit ma croyance). « Oui, c’est vrai. Et tu te sens comment face à cela ? » Elle réfléchit. « J’ai toujours l’impression que tu vas partir. » Je ris, surprise à nouveau. « C’est vrai. Mais je ne savais pas que quelqu’un d’autre que moi le savait. »

Oui, j’ai toujours eu un appel de l’âme si fort, que le monde des humains m’est difficile.Il n’y a que trois endroits dans ma vie où je ne me sens pas en partance : dans l’écriture, avec ma tribu (mon homme et mes enfants), et avec mes communautés de femmes.

Je vous écris pour conjurer le sort de ce retrait du monde. Je vous écris pour tisser ce lien que je n’arrive pas toujours à tisser comme je le rêve dans un quotidien où nous sommes pressés, acculés, absents. Je vous écris et crée des espaces de sécurité au travers de mon Ecole des Mystères, mes livres et mes cercles, afin que quelque part, au moins, nous puissions authentiquement nous aimer et explorer les mystères de ces hiéroglyphes de l’âme que personne ne perçoit… Sauf quand on prend le temps de s’arrêter et le risque de se regarder, longuement, vraiment, longtemps, sans un geste de circonstance, un mot ou un rire gêné.

Je rejoins mes femmes maintenant, pour clôturer avec elles le premier portail de notre École des Mystères. Les rejoindre, c’est comme rejoindre un cocon. Un oasis. Un utérus de la Déesse où nous pouvons nous abreuver pour repartir dans nos vies bien remplies. Assurées d’être en lien, quelque part, dans une réalité parallèle… Qui chaque fois colore un peu plus notre réalité actuelle et la contamine d’authenticité, de douceur, de profondeur, de vérité.

J’y crois sincèrement… Goutte après goutte, hiéroglyphe après hiéroglyphe, nous contribuons à ouvrir nos cœurs, des cœurs, et les ramener à la Maison de nos âmes.

Je pressens aussi que mon écriture va vivre une mue dans le temps… (d’après ce que m’annonce mon rêve, d’ici les 20 prochaines années !). Et que les mots qui disent et transmettent vont se transformer peu à peu de plus en plus souvent en chants de l’âme. Sortir de la chrysalide des mots qui colorent, pour pénétrer la grande Vision du troisième œil : celle qui capte les couleurs par un chant, une image, un rêve… Une poésie.

Hommage à Rimbaud, Lallâ, Rumi,… Et toi, Isis. Je vous suis, à mon échelle. Vous êtes mes Éveilleuses et mes Éveilleurs. Puissions nous suivre humblement les voies que vous avez chantées.

Je vous envoie mon amour, lectrice, lecteur, qui d’ici, est inconditionnel.

A propos de l’initiatrice : Amala

 Spécialiste du rêve et des archétypes, passionnée par l’éveil des femmes, elle transmet à travers formations, cercles, conférences et ouvrages. Elle est la fondatrice de l’Ecole des Mystères, les Eveilleuses du Féminin, qui renouvelle les rites de passage et avoirs ancestraux.  Elle a également co-fondé pendant quelques années un écolieu, le Centre Duo MoonDo (FR), dédié à la transformation individuelle. 

Dans tous ses livres, elle partage autour de mythes et d’archétypes pour véhiculer ses messages par des images de rêves plutôt que par l’intellect pur. Elle a donné de nombreuses formations en présentiel sur les archétypes et les déesses, ainsi que des programmes en ligne.

Les 13 clés réunit toutes ces transmissions autour de la psychologie des profondeurs, le Voice Dialogue, le rêve, l’astrologie, le symbolisme… 

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