Cet été plus que jamais, je réalise qu’il n’y a pas de prière plus puissante que la gratitude. Et peut-être que le chemin spirituel consisterait simplement à revenir à elle ? Dans tous les contes et légendes, la voie héroïque consiste à revenir à son pays d’origine, à son village. Après la transformation vient la transmission, après la quête vient la sagesse.
Il y a quelques nuits, je reçois un très beau rêve, qui me donnerait envie d’en faire un jour peut-être un conte illustré… Il est si simple que l’évidence dont il parle frappe aux yeux. Il raconte ce que tous les maîtres ont raconté avant lui. Et offre un antidote aux maux de nos âmes.
« Il y a un grand secret : nous avons tous ce vaste manque à l’intérieur de nous.
La seule différence entre nous et les mystiques c’est qu’ils apprennent à confronter ce que nous trouvons des moyens de fuir. »
Peter Kingsley
Le manque nous met en mouvement, en quête. Il est la racine de nos étendards et de nos désirs. Il masque en réalité une peur de la mort, immense, indicible, immensément inconsciente. Voilà pourquoi les enseignements des anciens cultes à Mysteres consistaient essentiellement à transmettre aux mystes comment confronter la mort pour ne plus la craindre.
La société occidentale fait tout le contraire et nous coupe de nos âmes : elle prône le manque pour nous diriger et nourrir l’illusion de nos besoins.
Dans mon rêve, je découvre dans la rue de mon village une petite église adorable avec de belles portes en bois, mystérieuses et simples. Je me surprend a n’avoir jamais remarqué cette église… Et n’avoir jamais frappé à la porte. J’y pénètre et suis accueillie par une prêtresse. Simple et bienveillante. Elle est mère d’un garçon de sept ans environ. Ils m’écoutent. Je partage combien j’ai visité d’églises dans tous les pays, cherché si loin… Et que je découvre enfin celle-ci qui semble répondre à tous mes besoins. Elle m’interroge sur ces besoins. Je confie que j’ai besoin d’un lieu où me retrouver et où prier, sans personne pour chercher à me convertir. Comme elle. J’aime qu’elle soit femme et mère. La prêtresse m’accueille, avec humilité et simplicité. C’est une femme au service, entièrement.
Combien de fois chaque jour nourrissons-nous une frustration, une envie, des critiques et des jugements qui ne font rien d’autre que parler de ce manque immense en nous ? Cette quête, cette soif de trouver la réponse, l’évidence, le bonheur, la satisfaction…
Observez-vous dans votre vie : êtes-vous à votre rythme ? Peu importe ce qu’il se passe autour… Et quel est ce rythme ? S’adapte-t-il au groupe, à l’horaire, aux besoins de ceux qui vous entourent, à un sentiment d’urgence, de peur, de doute…
De la même manière nous pouvons nous interroger sur notre façon de communiquer. Que se cachent derrière nos mots ? Quel besoin, quelle quête, quelle attente ? J’adore observer les gens discuter ou simplement être ensemble. Je me relie à chacun d’entre eux et m’interroge sur ce besoin fondamental de l’humain de partager son expérience, d’être entendu, d’exister au travers de la présence d’un autre. En mettant de la conscience sur ce que nous faisons de façon si automatique lorsque nous nous exprimons par exemple, nous découvrons le pouvoir de modifier le récit intérieur pour trouver la satisfaction dans la simplicité de ce qui est déjà là. Un regard, une respiration… Afin de découvrir que la chapelle, l’évidence, la réponse, se trouve en réalité si proche de nous. Si proche que nous ne parvenons pas à la voir quand notre rythme est décentré et basé sur l’extérieur.
Pour ces dernières semaines de l’été, je nous souhaite de prendre le temps de nourrir une présence qui se veut être le plus souvent possible consciente afin de devenir offrande et don, service au monde. Plutôt que quête, manque, désirs qui nous rendent frénétiques et absents. Nourrir une présence qui s’offre, qui observe et écoute. Au service de la Conscience et de l’Amour. Et si plutôt que de se réveiller et de se demander ce que nous allons vivre ou recevoir, nous pouvions prendre l’habitude de nous demander comment nous allons pouvoir servir aujourd’hui ? Se mettre au service par un geste, un véritable regard, un sourire confiant, un mot qui guérit et apaise, un silence qui remplit les cœurs.
Retrouvons cette chapelle intérieure avec laquelle tous les temples du monde ne peuvent rivaliser. Une prêtresse et un enfant divin nous y attendent certainement, pour nous offrir l’espace béni auquel nos cœurs aspirent… Puisse cette prière s’envoler haut et loin !
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